La maquette de l’arsenal avant-hier
du temps des bâtiments de Choquet du Lindu avant le conflit de 1939-1945.
L’Arsenal en histoire
La Penfeld est intimement liée à l’histoire de l’Arsenal de Brest et, à travers ses méandres et quelques curieuses appellations, nous allons tenter de retrouver quelques traces de cette longue histoire.
Il convient tout d’abord de faire remarquer que le vrai nom de la rivière est Penfell, avec un ou deux L, un jour ce deuxième L s’est transformé en D. Mais nous la connaissons maintenant avec ce D et c’est ainsi que nous l’écrirons.
Cette rivière prend sa source aux environs de Gouesnou mais nous ne commencerons à suivre son cours qu’à partir du bourg de Penfeld curieusement réparti entre 3 communes: Guilers, Bohars et Brest.
La marée se faisait sentir jusqu’à ce bourg. L’importante baie de Penfeld se découvrait à marée basse et la vasière était utilisée pour le trempage des bois de construction. Cette baie a été partiellement comblée mais on aperçoit ici et là quelques poteaux verticaux qui délimitaient les diverses essences de bois.
L’Arrière port
En suivant le chemin de halage de la rive gauche, voici assez proche de Penfeld un ancien pont qui reliait les deux rives et qui fut démoli durant les hostilités. Il conduisait à l’ancien manoir de la Villeneuve transformé en 1768 en forges de la Marine. A la cessation de leurs activités en 1881, les pupilles de la marine vinrent s’y installer. Durant l’occupation, les Allemands y tinrent une garnison. A la libération, le 2ème dépôt des équipages de la flotte y fit un bref séjour et les locaux sont actuellement occupés par le Centre de Formation Militaire de Brest.
Toujours sur la rive gauche, on franchissait les anses de Saint-Guénolé et Goyen sur d’étroites passerelles pour atteindre l’anse Saupin du nom de son ancien propriétaire. Une buanderie de la Marine fut implantée en 1836 et y fonctionne encore.
De L’île Factice à l’Arrière-garde
L’île Factice, qui n’est plus une île à l’heure actuelle car un des bras de la rivière est partiellement comblé, a été édifiée de 1803 à 1818. De vastes hangars y furent construits pour le stockage du bois. Après la guerre la D.C.A.N y a installé une scierie.
La partie aval était reliée au chemin de halage par une passerelle aujourd’hui détruite.
L’île factice et la digue dans les années 1930
Des services de bacs fonctionnaient entre les deux rives, un à la digue l’autre à Kervallon.
Sur la rive droite, après La Villeneuve, se trouvait la Chapelle Jésus et les anciens quartiers de Kervallon et Quéliverzan.
Les bâtiments qui subsistent à Kervallon étaient des ateliers de construction navale privés pour la marine de commerce. Ils devinrent propriété de la marine ainsi que les terrains avoisinants en 1835. A la libération, ils furent utilisés comme logements et partiellement comme magasins. Ils sont aujourd’hui en ruine.
Près de Kervallon, chaque rive de La Penfeld portait une tour. Elles étaient reliées entre elles par une chaîne traversière. C’était l’arrière garde du port et, comme chacun sait, cette appellation est toujours en usage. Les tours auraient été démolies en 1805.
De l’Arrière-garde à la Corderie
Suivons la rive gauche. A partir de l’Arrière-garde de nombreux magasins s’élevaient jusqu’à l’atelier des bâtiments en fer fondé vers 1865. Il fut modernisé en 1911. Deux cales de lancement près de l’atelier de vernissage, lui étaient adjointes. La première des deux a été construite vers 1910. L’Atelier des mouvements généraux a pris après la guerre la place de vastes hangars à bois qui avoisinaient l’ancienne scierie.
Réalisé en 1898 par Ferdinand Anodin pour l’Arsenal de Bizerte, le monumental Pont Transbordeur a été récupéré et installé en 1908 à l’emplacement du pont de l’Harteloire. Il a été démoli en 1947.
Le Pont Transbordeur et la Corderie basse
Plus loin s’élevait avant la guerre l’immense atelier de la Corderie long de 400 mètres. Il fut construit par Choquet du Lindu en 1747 et détruit pendant la dernière guerre.
Au dessus de La Corderie et près de la porte du même nom, le Bagne de Brest dominait l’Arsenal. Il fut également construit par Choquet du Lindu en 1751 et désaffecté en 1860.
De la Corderie à la porte Tourville
Avec l’arrivée de l’électricité à l’Arsenal à partir de 1902, les moyens de manutention ont été particulièrement améliorés. Notamment par l’implantation d’une grue électrique de 150 tonnes en 1910. Elle y restera 68 ans. Ne répondant plus aux normes en vigueur elle est démolie en 1978.
Dans la tour de l’Horloge derrière la grande grue il y avait la cloche de l’Arsenal qui réglait les heures d’embauchée et de débauchée. Elle sonnait à toute volée, sans interruption, pendant un quart d’heure à chaque reprise du travail (de moins 20 à moins 5). Elle a été remplacée par une sirène au moment de la reconstruction.
La grande grue avec sur la droite la tour de l’Horloge, le bassin 1 et la porte Tourville
Le bassin 1 ou bassin Tourville construit sur les plans de Vauban en 1683, a été modifié en 1745 et en 1864.
L’actuelle grille d’accès à l’arsenal, la porte Tourville, remplace, à quelques mètres de distance, une porte monumentale qui, édifiée en 1768, est démolie en 1864. La porte Tourville et la porte Cafarelli sont les seules portes de l’Arsenal ouvertes en permanence.
De Kervallon à la Direction
En quittant Kervallon, nous longeons les quais de Quéliverzan avant d’atteindre le bassin 4 ou du Salou, mis en service en 1865. Il tire son nom d’une ferme établie autrefois sur le plateau à 25 mètres au-dessus des quais. Ce plateau a été déblayé pour lui faire place. Ce bassin avait à l’origine une entrée à chaque extrémité. Il était possible de le diviser en deux par une porte intermédiaire. Sur le terre-plein voisin deux autres bassins ont été construits, le 6, de 1822 à 1827, il avait la particularité d’être à marée et le 7 de 1864 à 1865. Les ateliers des chaloupes se tenaient également sur ce terre plein et un centre de repos pour les sous-mariniers y a fonctionné jusqu’à la dernière guerre. Il avoisinait un des restaurants de l’Arsenal connu sous le nom de restaurant du Salou.
La propriété de Bordenave, voisine de celle du Salou, a cédé la place au quai de Bordenave sur lequel sont construits les bâtiments de la Centrale électrique.
Tout à côté nous pouvons voir une superbe arche en plein cintre de 30 mètres d’ouverture construite de 1848 à 1857. La grue Gervaise ( grue révolver ) qui la surmonte aurait été mise en service en 1860 et fonctionnait à la vapeur.
L’atelier de peinture est encore approximativement à son ancien emplacement. A côté se trouvait l’école des apprentis, le musée maritime puis les bâtiments de la direction.
Du Plateau des Capucins au Pont National
Derrière la direction, l’atelier des machines a été construit de 1841 à 1845 sur l’emplacement d’un ancien couvent des Capucins d’où son nom «Plateau des Capucins», il est agrandi de 1858 à1864. Détruits pendant le dernier conflit mondial les ateliers sont reconstruits et réaménagés de 1946 à 1957. En décembre 2004 les travaux s’arrêtent au plateau, l’activité industrielle est transférée à Laninon.
L’atelier des forges est toujours à son emplacement d’origine. La construction des bassins de Pontaniou s’étala de 1751 à 1820 et certains travaux d’approfondissement ne furent terminés qu’en 1903. Derrière les bassins se tenait la levée de Pontaniou intégrant le bâtiment aux lions qui servait de magasins de stockage et d’ateliers. Une porte donnait accès à la cour de La Madeleine où un restaurant du même nom a fonctionné durant de longues années.
Les bâtiments de l’artillerie navale précédaient le Pont National, détruit pendant le siège de Brest, il avait été inauguré en 1861. Il comprenait deux volées de 52 mètres. Son ouverture se faisait à la main à l’aide de cabestans actionnés par 8 marins de chaque côté.
Les bâtiments des subsistances se prolongeaient jusqu’au poste de l’Avant-garde.