La Cordelière a été construite le 30 juin 1498 à Morlaix par l’armateur Nicolas Coatanlem, seigneur de Keraudy, principal lieutenant et neveu de Jehan de Coatanlem, célèbre pirate breton. Elle aurait coûté « 22512 livres, 9 sols, 2 deniers ».

Type de bateau

Descendant en ligne directe de la nef, la Cordelière était une caraque. Elle devait mesurer environ 40 mètres de long et jauger 700 tonneaux. La caraque est construite comme une forteresse. La hune est un poste de combat, une sorte de tour, de laquelle combattent plusieurs soldats. Le poste d’observation est situé au-dessus de la hune: c’est le nid de pie. Elle possède deux châteaux élevés au cours des ans de plus en plus haut. Trois, quatre, et même cinq mâts se dressent sur la caraque, ce qui entraîne bien sûr un grand changement dans la voilure: aux grands-voiles carrées et aux voiles latines à antennes, on rajoute la voile de hune, les bonettes latérales puis plus tard, le perroquet.

A l’époque des caraques, on reproduit exactement sur mer le même combat que sur terre.

Equipage

La Cordelière était organisée sous le système du double équipage. il y avait d’une part les marins, commandés par le maître de la caraque « Martin le Naux », chargés de tout ce qui concerne la maneuvre, l’entretien du bateau et d’autre part, le deuxième équipage constitué d’une unité de soldats commandée par un capitaine « Hervé de Portzmoguer ». L’équipage devait être composé d’environ 800 matelots, une cinquantaine de canonniers, et une centaine d’arquebusiers et archets.

Il y avait de plus 300 gentilshommes de la famille d’Hervé à bord au moment du combat.

Vie à bord

Près de mille marins et soldats réunis dans un espace resserré, soumis aux même risques, vivant dans une intimité quotidienne. Est-il besoin de dire que leur vie devait être très dure ? Un matelot qui n’était pas de quart ou ne participait pas à la manœuvre des voiles ou des ancres devait rester dans la batterie. C’est là qu’il mangeait, assis par terre ou peut-être sur son coffre, c’est là qu’il dormait, à même le pont, et c’est là qu’il luttait pour sa vie au cours des combats.

Bouillies, céréales, haricots ou pois secs, biscuits, viandes salées, lard, poissons séchés ou salés, tel devait être l’univers monotone de l’équipage. Le matelot devait manger dans la pénombre, à côté des canons, dans une assiette en bois ou un bol de terre cuite, avec pour couverts les doigts, une cuillère en bois et son coutelas. On ne devait servir que rarement des aliments frais.

Le Bateau

On doit se contenter d’approximations tant les informations sont peu précises et rares

Tonnage: 600 à 700 tonneaux

Longueur: 40 à 60 mètres

Largeur: 10 à 12 mètres

La coque:

La coque est à « francs-bords » c’est à dire que les planches d’habillage sont jointives et non à « clins » comme sur les bateaux scandinaves ou les caravelles ibériques.

Les châteaux:

Les châteaux arrière et avant sont très hauts par rapport au pont et en surplomb sur au moins 2 niveaux. Ils sont percés pour laisser place à l’artillerie.

Les espars:

Sorte de charpente recouvrant les ponts durant les combats (pont du château avant, pont principal, pont du gaillard arrière, pont de la dunette.

Ces charpentes étaient recouvertes d’une bâche ou d’un filet de protection contre les projectiles adverses.

Une partie du pont n’était pas couverte par « les espars », afin de faciliter les manœuvres.

Les hunes:

Souvent protégées par un filet, les hunes étaient équipées d’une artillerie légère (mousquets) et possédaient une réserve abondante de pierres et javelots, que les défenseurs (parfois 25 par hune) propulsaient sur les assaillants.

Les pavois:

Les pavois ou écus étaient fixés au bastingage pour se protéger des projectiles adverses.

Les mantelets:

Ce sont des panneaux destinés à fermer les sabords.

Les sabords:

Ouverture dans la coque (ou muraille) et dans les châteaux, destinée au passage des fûts de canons.

La Cordelière fut un des premiers bateaux à être équipé de sabords.

Les sabords auraient été inventés en 1500 par l’ingénieur Brestois Descharges.

Sabord de batteries: sur la muraille du navire.

Sabord des châteaux: avec des canons de petit calibre.

Sabord de chasse: sur le château avant avec des canons de petit calibre.

Sabord de retraite: sur le château arrière avec des canons de divers calibres.

Les sabords de la première batterie étaient articulés par des charnières.

Les sabords de la deuxième batterie n’étaient pas articulés.

L’artillerie

La Cordelière pouvait être armée de 200 pièces de toutes catégories, servies par 50 canonniers et 150 arquebusiers.

16 gros canons: les plus lourds étaient sans doute installés aux ponts inférieurs, 1ère et 2ème batteries.

14 bombardes installées en 2ème batterie et aux ponts supérieurs.

Les faucons, serpenteaux, scorpions, basilics, crapaudeaux, couleuvrines, gros vers et autres engins, aux noms souvent empruntés à un animal symbolisant l’épouvante que l’on attend d’eux, étaient placés un peu partout sur le navire.

Les pierriers à brague, fauconneaux, mousquets et petites bombardes munies de fourches à pivots et tourillons, équipaient les hunes, le bastingage et les sabords des châteaux.

D’après des textes de Jakez Cornou et de Fabienne Wolf. Dessin d’Hervé Le Gall

 

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